Interviews de septembre – Halte Pouce

Association Halte Pouce

THÈME : INTERVIEW

A l’occasion de la rentrée en septembre 2023, nous avons lancé un nouveau format : Les interview de professionnels de la santé exerçant au contacts TSA et/ou en situation de vulnérabilité.

Le thème de septembre :
“Comment aborder sereinement la rentrée avec un enfant TSA ?”

Merci à l’association Halte Pouce pour avoir pris le temps de nous répondre !
Ce nouveau format d’actualités vous plait ? Dites-le nous !

→  benjamin@intercamsp.fr

1 – Qui êtes-vous et quelles sont vos actions ?

Halte Pouce est une association loi 1901 et a été fondée en 2005.
Elle a pour objectif le répit des familles dans l’application de la loi 2005 sur l’accompagnement et le soutien apportés aux familles touchées par le handicap.

Pour les aider, nous sommes organisés en différents pôles :
– Notre pôle Social est en lien permanent avec les structures spécialisées dans le handicap.
L’approche collaborative réalisée avec les familles permet un audit approfondi de la situation familiale, une évaluation des actions à entreprendre ainsi qu’une assistance dans les démarches administratives.

– Notre service de Répit apporte un répit pérenne aux familles et les accompagne dans les démarches pour trouver des intervenants qui pourront s’occuper de leurs enfants, adolescents ou adultes porteurs de handicap.
Les parents peuvent ainsi prendre du temps pour eux et accompagner leurs enfants dans les périodes de transition (école, changement de structure, etc…)

– Notre pôle Ressources Handicap 34 favorise l’inclusion dans les centres de loisirs, crèches et séjours de vacances.
Nous formons les équipes afin d’accueillir et accompagner les enfants en situation de handicap dans leurs structures avec notre pôle Formation.  Les professionnels sont ainsi complémentaires afin de mettre en place des actions pertinentes et répondre aux besoins des familles.

– Notre pôle Famille favorise le lien social entre les familles au travers d’ateliers d’informations. Nous organisons des réunions avec les familles pour la prise en charge des enfants handicapés, afin d’offrir aux parents des temps de répit et d’information (PCH, fonctionnement, etc…), mais aussi des moments de discussion, d’accueil et d’entraide.
Nous menons aussi des sorties loisir avec les familles avec les enfants.

Quelques chiffres de 2022 sur le département de l’Hérault
– Pôle Social : 262 familles accompagnées
– Pôle Répit : 82 familles bénéficiaires
– Pôle Loisirs : 83 enfants accompagnés
– Pôle Formations : 173 personnes formées

2 – Quelles sont les principales préoccupations et défis auxquels font face les enfants et leurs familles à l’approche de la rentrée ?

Chaque année, la question de l’accueil et de l’accompagnement des enfants est au centre des préoccupations des familles :
– Vais-je trouver un AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap) cette année ?
– Que faire si je n’en trouve pas ?
– Y’aura-t-il enfin une place en SESSAD/IME cette année ?

3 – Comment votre association propose-t-elle un soutien concret aux familles en période de rentrée scolaire et où intervient-elle ?

Nous accompagnons les familles des enfants sur rendez-vous et nous déplaçons directement chez eux dans tout le département de l’Hérault.
Chaque situation est différente et nous nous adaptons aux besoins de chaque famille pour proposer un accompagnement personnalisé.

Nous sommes en lien avec de nombreux partenaires du département et travaillons directement en amont avec les équipes des structures personnalisées (hôpital de jour, équipes éducatives, table de discussion autour du dossier MDPH…) afin d’alléger le quotidien des familles.

4 – Quels sont les moments clés et/ou les étapes importantes que les professionnels du médico-social devraient anticiper lors de la préparation à la rentrée scolaire ?

La rentrée est un moment phare à anticiper pour l’accueil des familles.
L’école doit être sensibilisée à l’inclusion des enfants et travailler en collaboration des familles avec les familles au travers de retours d’expériences dans un esprit d’accompagnement et de bienveillance.

Il y a un gros travail d’anticipation à mener entre l’école et les familles. De nos jours ces dernières n’ont pas suffisamment leur mot à dire et se retrouvent trop souvent face à des décisions qui ne leur appartiennent pas.

Au delà des délais de prise en charge et du manque de sensibilisation, il y a une marge de distance entre les professionnels et les familles, qui sont souvent sur la réserve et peu en confiance face au manque de moyens auxquelles elles font face.

5 – Comment votre association s’adapte-t-elle pour apporter son soutien et répondre aux besoins spécifiques des enfants et des familles pendant ces périodes phares ?

Un travail en amont de l’accueil est mené pour les familles qui font face à des caps tels que :
– Le passage de la crèche à la maternelle
– Le passage de la maternelle au primaire (avec ou sans AESH, ou IME à 6 ans)

Ces moments clés sont difficiles à aborder pour les familles. Si les crèches sont de plus en plus inclusives, le passage à l’école est plus délicat, avec toujours ces mêmes problèmes de délais et d’accompagnement.

Les familles sont encore trop peu suivies dans leurs démarches. Notre travail se place ainsi en amont, afin de comprendre leurs besoins et leur situation, afin de les accompagner de bout en bout, avec une importance donnée à l’adaptation.

6 – Pourquoi la communication et la coordination entre les parents, les enseignants et les thérapeutes est-elle essentielle pour assurer une transition réussie vers la rentrée scolaire ?

La coordination est indispensable à tous les niveaux, y compris lors de la rentrée scolaire.
La meilleure solution est de se coordonner vers le mois de mai, afin de préparer des moyens inclusifs et adaptés.

Il est nécessaire de regrouper les familles, les structures et les associations afin de réaliser un réseau de coordination et empêcher que les familles soient laissées à elles-mêmes.

Les communautés 360 sont aussi une possibilité. Ces structures portées par l’état permettent d’avoir toujours quelqu’un au bout du fil, et ainsi une réponse immédiate, là où 8 appels sur 10 à la MDPH restent sans réponse.

7 – Combien de familles ont bénéficié de votre accompagnement ?

Notre association a fait face à plus de 450 situations jusqu’à aujourd’hui : Autisme, DYS, polyhandicap, psychotique, etc…

8 – Pouvez-vous nous relater un cas concret rencontré dans votre association ?

Benjamin arrive à l’école. Les parents ont eu leur notification comme quoi leur enfant est arrivé à l’école. Le transfert a été long et difficile, et Halte Pouce a pris en charge les démarches administratives afin de soulager au maximum la famille.

Problème : Impossible de trouver une AESH, et de fait d’accueillir l’enfant à l’école. Un des deux parents a du arrêter de travailler pour s’en occuper. Le dossier étant en cours pour faire une orientation SESSAD/IME pour une évaluation globale, l’enfant est resté à la maison.

L’AESH est arrivée, puis est repartie au bout d’un mois et demi. L’accueil à l’école a de nouveau été perdu. Halte Pouce a de fait remonté le dossier et notifié une AESH collective afin d’accueillir l’enfant sur un temps partiel.

L’enfant a donc été accueilli sur une moitié d’année scolaire, malgré les bonnes pratiques des parents.

Quel a été l’impact de l’association Halte Pouce ?

 Halte Pouce a sélectionné une série de profils afin d’organiser du soutien éducatif trois fois par semaine.
Lors du changement d’allocation, notre association s’est occupée de la migration vers la PCH (Prestation de Compensation du Handicap) afin d’augmenter le temps d’intervention.

Nous avons également travaillé sur un accueil le mercredi au centre de loisir afin d’apporter à l’enfant des temps de sociabilisation, en plus de répit pour les familles.
En janvier 2023, l’enfant avait un temps partiel le mercredi, école deux fois par semaine et du temps d’intervention le weekend.

Le reste des temps libres étaient dédiées au soin au contact des professionnels.

A quelles autres situation avez-vous fait face et quelles actions avez-vous déployé ?
Un enfant hospitalisé qui ne peut plus bouger, la maman est en burn-out
→ Négociation avec la MDPH pour des temps d’aide humaine et d’anticipation pour que la mère puisse respirer.

– Un enfant trop violent et abandonné par sa famille
→ Travail mené avec les professionnels et les familles pour une réflexion sur la prise en charge complète de l’enfant.

Le mot de la fin
“On ne se substitue pas à la famille, on l’aide à réfléchir à différentes stratégies”

POUR ALLER PLUS LOIN

CARTOGRAPHIE DES ACCOMPAGNEMENTS 2022

TÉMOIGNAGES DES FAMILLES