Interviews de septembre – Soliane
Association Soliane
THÈME : INTERVIEW
A l’occasion de la rentrée en septembre 2023, nous avons lancé un nouveau format : Les interview de professionnels de la santé exerçant au contacts TSA et/ou en situation de vulnérabilité.
Le thème de septembre :
“Comment aborder sereinement la rentrée avec un enfant TSA ?”
Merci à l’association Soliane pour avoir pris le temps de nous répondre !
Ce nouveau format d’actualités vous plait ? Dites-le nous !
→ benjamin@intercamsp.fr
1 – Qui êtes-vous et quelles sont vos actions ?
L’association SOLIANE est une association de parents qui accompagne les familles qui ont un enfant en situation de handicap quel que soit l’âge de l’enfant et quel que soit son handicap. Nous pouvons aider à la préparation de cette rentrée.
Nous travaillons surtout en amont sur la mise en place des aménagements, le dossier à présenter à la MDPH (maison départementale pour les personnes handicapées) qui permet de compenser le handicap avec notamment une aide à l’école (AESH), des aménagements en classe, la mise à disposition de matériel adapté ou une adaptation de la scolarité (emploi du temps adapté, inclusion progressive, inclusion dans un dispositif type ULIS….) ou encore l’orientation de l’enfant dans des classes structurées adaptées ou des dispositifs spécifiques.
A la rentrée scolaire, nous gérons l’urgence des situations lorsque l’AESH n’est pas présente ou lorsque la rentrée ne se fait pas dans de bonnes conditions. Parfois, c’est l’école qui nous appelle pour que nous puissions servir de médiateur avec la famille lorsque la situation est trop critique.
Nous participons en accompagnant la famille aux réunions à l’école (ESS). Notre moteur reste toujours l’intérêt de l’enfant. Il nous arrive d’intervenir dans les classes pour une 1ère sensibilisation au handicap, à la demande de l’école et de la famille pour expliquer le handicap aux autres enfants. Nous intervenons également pour aider les familles dans les demandes de dérogations pour des écoles ou pour la mise en place de transports adaptés.
2 – Comment aborder sereinement la rentrée avec un enfant autiste ?
La rentrée entraîne un changement de repères très déstabilisant pour un enfant autiste : changement de salle de classe, d’enseignant, parfois d’école, d’AESH s’il y a en une, de camarades… Il faut anticiper la rentrée en permettant à l’enfant de se créer de nouveaux repères : visite de l’école avant, rencontre avec l’AESH et l’enseignant si possible.
La famille peut aussi faire une petite fiche synthétique à destination de l’équipe pédagogique et de direction listant les principales caractéristiques de l’enfant de façon très concrète : ses difficultés, comment réagir face à une crise, ses points forts et ses réussites…
Il faut préparer en amont le sac qui sera emporté en classe avec l’enfant, préparer ses vêtements pour qu’il n’y ait pas de surprise le jour J et pour ménager les émotions de l’enfant.
S’il y a une réunion avec les autres familles, on peut demander à l’enseignant ou à la direction en amont de présenter les particularités d’un enfant autiste pour dédramatiser vis à vis des autres enfants. L’enseignant peut aussi prévoir une présentation auprès des autres enfants dans la classe
Il faut aussi faire confiance à son enfant et ne pas être trop dans l’émotion devant son enfant, ne jamais critiquer l’enseignant ou l’AESH devant lui et prendre du recul sur des petites choses qui peuvent paraître dramatiques au premier abord mais qui ne sont pas impactantes au final pour l’enfant. Il faut vraiment faire équipe avec l’école pour le bien de l’enfant (tant que l’école est bienveillante mais c’est le cas la plupart du temps).
3 – Comment vous préparez-vous à aborder la rentrée avec les enfants et les familles ?
Notre équipe est disponible pour accueillir les familles et les renseigner à la rentrée et tout au long de l’année dans nos locaux ou par téléphone, parfois même au domicile des familles.
Nous tenons un stand le dimanche 3 septembre 2023, lors de la fête des associations sur le Vieux-Port pour renseigner les familles directement et leur présenter nos activités.
4 – Quels sont les défis auxquels les enfants sont confrontés lors de la rentrée ?
Il y a autant de formes d’autisme que d’enfants porteurs de troubles du spectre autistique donc c’est difficile de répondre de façon générale à cette question.
Habituellement, c’est surtout la notion de changement, d’imprévu et de perte de repères qui déstabilisent les enfants autistes à la rentrée. Tout ce qui va entraîner une surcharge émotionnelle va être handicapant pour eux.
Or, une classe est souvent un environnement qui leur demande une charge mentale trop élevée : bruit, nombre important d’enfants, demande de concentration importante, changement d’activités tout au long de la journée, difficultés de maintenir des rituels personnels qui les rassurent, sollicitations constantes d’échanges avec les autres, pas de possibilité de se mettre à l’écart, consignes souvent orales avec de l’implicite, incompréhension de situations avec du second degré et de l’humour…
5 – Comment votre équipe les accompagnent-ils pour les surmonter ?
On rassure les parents, on leur donne des conseils, on peut prendre contact avec l’école si nécessaire, on dédramatise les situations, on montre les ressources de l’enfant au parent.
6 – Quels sont les ressources et outils qui pourraient être utiles pour cette période ?
Utiliser des outils qui permettent à l’enfant d’être rassuré et de mieux visualiser sa journée : time-timer, planning des activités avec photos ou pictogrammes, utilisation de couleurs pour se repérer dans les apprentissages (une couleur par matière par exemple).
Pour une première rentrée, un emploi du temps progressif peut être mis en place avec l’école afin que l’enfant puisse se familiariser avec son nouvel environnement en douceur. Il faut acheter du matériel facile à utiliser qui ne sera pas un obstacle pour l’enfant : pas de lacets aux chaussures, pas de boutons aux pantalons mais élastiques, crayons adaptés…
7 – Quelques conseils à donner à notre public pour aborder cette problématique ?
Il est nécessaire de ne pas être en frontal avec l’école. L’enfant avec TSA a une équipe de professionnels autour de lui qui sont autant de personnes ressources. Il est indispensable de rassurer l’école en donnant les coordonnées des professionnels de droit commun, notifiés par la MDPH (SESSAD, IME) et en libéral, (orthophoniste, psychomotricien, ergothérapeute, ES, pédopsychiatre, psychologue), ceux-ci pouvant être sollicités à n’importe quel moment.
La réunion générale de l’école et / ou la réunion avec l’enseignant de la classe, sont des moments privilégiés, permettant aux parents de présenter leur enfant (ses besoins, ses comportements) et aussi de se présenter en tant que parent afin de favoriser une entraide bienveillante. Si le parent d’enfant en situation de handicap ne va pas vers les autres, les parents d’enfants valides ne sauront pas aller vers lui à cause de la différence non expliquée. L’école est un lieu de socialisation autant pour l’enfant que pour son parent.
8 – Pouvez-vous nous relater un cas concret rencontré dans votre association ?
Fabien a une orientation IME. Par défaut, l’école doit l’accueillir.
Les parents de Fabien ont préféré un maintien en maternelle grande section plutôt qu’une orientation en ULIS mais Fabien n’a pas été accepté pour ce maintien dans l’école maternelle où il avait déjà effectué 3 années au prétexte que les bâtiments trop vastes n’offraient pas assez de sécurité (Fabien courait dans tous les étages et pouvait même se retrouver dans l’école élémentaire du groupe scolaire).
La maman a été obligée de trouver une autre école.
Fabien n’était accueilli à l’école qu’en présence d’une AESH I notifiée 15 heures. Fabien, à cause de son comportement hyperactif, donnait beaucoup de mal à son AESH I, la posture d’élève n’était pas acquise et l’AESH I « servait » à sortir l’enfant de la classe pour éviter les débordements (bruit, course, bousculade).
L’AESH I a été rapidement en arrêt de courte durée (impossibilité de la remplacer) puis a eu des arrêts maladie longs. En conséquence, Fabien a été très peu scolarisé, et la maman coincée, dans l’impossibilité d’anticiper son emploi du temps professionnel.
Dans cette situation, nous avons provoqué une ESS et demandé le soutien du conseiller pédagogique de l’IEN ASH.
Les familles sont souvent confrontées au manque de personnel et au manque de formation des professionnels (enseignant et AESH).