« Crèches, razzia sur les bébés » : sortir du déni et défendre un accueil digne pour tous les enfants
Le documentaire diffusé sur ARTE le 9 septembre 2025, intitulé « Crèches, razzia sur les bébés », a de nouveau mis en lumière une réalité inquiétante : lorsque la recherche de profit guide l’accueil des jeunes enfants, ce sont les tout-petits, leurs familles et les professionnels qui en subissent les conséquences.
Des dérives connues et documentées
Les images et témoignages présentés dans le reportage font écho à de nombreux constats déjà établis, qu’il s’agisse d’enquêtes journalistiques ou de rapports officiels (IGAS, IGF, DGCCRF). Ces travaux dénoncent :
un non-respect récurrent de la réglementation,
des pratiques douteuses profitant des zones grises juridiques,
l’utilisation d’aides publiques à des fins d’enrichissement ou d’expansion au détriment des structures existantes,
des montages financiers opaques masquant des bénéfices colossaux.
Ces logiques de rentabilité s’inscrivent dans une dynamique inquiétante : la marchandisation progressive des solidarités, qui ne touche pas seulement la petite enfance mais menace également d’autres secteurs comme la santé, le grand âge, le handicap ou encore la protection de l’enfance.
Ne pas suivre l’exemple britannique
Le documentaire met en garde contre le modèle britannique : privatisation massive, explosion des coûts pour les familles, rachats successifs fragilisant les crèches locales, pressions sur les pouvoirs publics.
En France, le nombre de crèches privées lucratives a déjà augmenté de 30 % entre 2020 et 2023 (DREES). Si rien n’est fait, notre pays risque de s’engager sur la même pente.
Pour un véritable service public de la petite enfance
Face à ces constats, l’Uniopss appelle à des mesures fortes et immédiates :
Au Sénat, d’examiner rapidement la proposition de loi visant à mieux protéger les enfants accueillis dans les crèches privées lucratives, déjà adoptée à l’Assemblée nationale.
Aux collectivités locales, de soutenir prioritairement les initiatives associatives et de sortir d’une logique de mise en concurrence qui favorise la « moins-disance ».
Aux candidats aux élections municipales de 2026, de s’engager clairement en faveur d’un véritable service public de la petite enfance, en confiant sa mise en œuvre à des acteurs non lucratifs.
L’accueil des jeunes enfants ne peut être laissé aux logiques de marché.
Ensemble, refusons la résignation et défendons un avenir où la solidarité, et non la rentabilité, guide nos politiques sociales.