OTO, le fauteuil à étreindre : quand le design inclusif apaise et soutient les personnes autistes
Face à l’anxiété, à la surcharge sensorielle et aux difficultés de régulation émotionnelle, certaines réponses passent par des outils simples… mais profondément pensés.
C’est le cas de OTO, le fauteuil à étreindre, un dispositif innovant, thérapeutique et sensoriel, conçu pour et avec les personnes autistes.

Une création née du design inclusif
OTO est le fruit du travail de Alexia Audrain, designer et fondatrice de LABAA, un laboratoire dédié au design inclusif.
Imaginé initialement dans le cadre de son mémoire de fin d’études à l’École Supérieure de Design de Nantes en 2018, OTO est né d’un échange avec une éducatrice spécialisée et de premiers tests menés en IME. Dès le départ, la démarche est claire :
👉 concevoir un mobilier réellement adapté aux besoins sensoriels, en s’appuyant sur l’expérience des utilisateurs et des professionnels.
OTO : un fauteuil à objectif thérapeutique
OTO est un fauteuil à compression dont les parois intérieures se gonflent pour venir contenir le corps.
Cette pression profonde – choisie et contrôlée par l’utilisateur – agit comme une étreinte sécurisante.
Pourquoi cela fonctionne ?
Chez de nombreuses personnes autistes, l’étreinte et la pression corporelle permettent :
de réduire l’anxiété,
de diminuer la surcharge sensorielle,
de mieux percevoir les limites de son corps,
de concentrer l’attention sur une sensation unique,
et ainsi de faire baisser la tension interne.
L’enfant ou la personne choisit :
✔ la durée (de quelques minutes à 20 min),
✔ l’intensité de la pression,
✔ le rythme des cycles compression / décompression.
👉 Le contrôle reste entre les mains de l’utilisateur, un point essentiel en matière de sécurité émotionnelle.
Une intégration en milieu hospitalier : l’exemple du CHRU de Tours
Le fauteuil OTO a trouvé sa place au sein du Service Autisme et TND du CHRU de Tours.
Ce partenariat entre designers, soignants et chercheurs a permis :
des phases de tests approfondies,
l’amélioration progressive du prototype (5 versions),
l’adaptation fine des aspects sensoriels : acoustique, interface, télécommande, intensité de pression.
Une attention particulière a été portée à la lisibilité des commandes, afin qu’elles soient compréhensibles par le plus grand nombre d’enfants, y compris en cas de déficience intellectuelle associée.
Des premiers résultats prometteurs
Dans le cadre des usages cliniques observés :
les enfants apparaissent plus apaisés,
plus disponibles pour les apprentissages,
avec moins de comportements d’auto-stimulation ou d’agitation.
Le fauteuil OTO est utilisé en amont de séances d’orthophonie, d’ateliers pédagogiques ou de soins, comme un temps de régulation sensorielle.
Une hypothèse de travail explore également une meilleure représentation corporelle et une régulation du toucher, en lien avec des recherches menées avec l’INSERM.
Une démarche scientifique en cours
Après une phase d’acceptabilité et d’observations cliniques, une étude scientifique d’efficacité débutera en 2026, financée par la Fondation pour la Recherche John Bost.
Elle visera notamment à analyser :
l’impact sur les symptômes autistiques et sensoriels,
l’influence sur la régulation émotionnelle,
les effets potentiels sur l’autonomie,
et la réduction éventuelle des prescriptions médicamenteuses.
Par ailleurs, OTO commence à être testé dans d’autres indications :
👉 troubles complexes du neurodéveloppement,
👉 TDA/H,
👉 contextes éducatifs et lieux inclusifs.
Un outil déjà présent dans de nombreux lieux
Aujourd’hui, une centaine de fauteuils OTO sont utilisés dans :
des hôpitaux,
des IME,
des maisons de l’autisme,
des bibliothèques universitaires,
des musées,
des aéroports,
et d’autres lieux inclusifs.
Preuve qu’un design centré utilisateur, co-construit avec les professionnels et les familles, peut trouver sa place dans le quotidien.
En conclusion
OTO n’est pas qu’un fauteuil.
C’est un outil de régulation, un support thérapeutique, et surtout un exemple fort de ce que peut produire une démarche de design inclusif, participatif et respectueux.
Un projet qui rappelle que penser les besoins sensoriels, c’est aussi penser la dignité, l’autonomie et le bien-être des personnes.
Photo : © coralie monnet

